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Le musée des Arts décoratifs de Strasbourg : l’éloge de l’art de vivre strasbourgeois au XVIIIe siècle

Situé au sein du Palais Rohan, dans le cœur historique de Strasbourg, le musée des Arts décoratifs expose une vaste collection consacrée aux productions strasbourgeoises des XVIIIe et XIXe siècles. La visite se déroule en deux parties : une première dans les appartements du Palais Rohan qui conservent leur décor ancien, et une deuxième dans l’aile des Arts décoratifs qui nous plonge dans l’art de vivre en Alsace.

La visite commence dans les appartements du Palais Rohan, précisément par la salle du Synode. Elle est divisée en deux espaces, d’une part la salle à manger, d’une autre la salle des gardes menant aux appartements royaux et cardinalices. Aujourd’hui vidée de son mobilier, la salle conserve toujours des natures mortes de Jean-Baptiste Oudry (1686-1755) évoquant l’univers de la chasse. Ce loisir est très apprécié des aristocrates et des bourgeois aisés qui n’hésitent pas à passer commande aux peintres d’animaux et de natures mortes pour orner leurs demeures de peintures liées à la chasse.

Vue de l’ancienne antichambre du roi, Palais Rohan © Troian Leroy

La salle des évêques permet de comprendre l’évolution du Palais Rohan puisqu’elle a été profondément modifiée au cours des siècles. Sous le règne de Louis XV (1710-1774), elle servait d’antichambre du roi, et occasionnellement de salle de jeux, mais elle est transformée à la Révolution française lorsque le Palais Rohan devient l’hôtel de ville. Jusque là, les peintures murales représentaient les portraits des princes-évêques. Elles ont cédé la place aux vertus civiques à la chute de l’Ancien Empire. Ce sont toujours ces vertus que les visiteurs admirent aujourd’hui.

Vue de la chambre du roi, Palais Rohan © Troian Leroy

Chef-d’œuvre du Palais Rohan, la chambre du roi incarne le goût pour le style rocaille du XVIIIe siècle. Elle accueillait le roi Louis XV lors de ses séjours à Strasbourg. La chambre a reçu un riche décor comprenant des tapisseries, des peintures murales, des glaces à la royale ainsi qu’un mobilier d’esprit rocaille.

Vue de la bibliothèque, Palais Rohan © Troian Leroy

La visite des appartements se conclue par la bibliothèque, qui conserve une riche collection de vieux livres. Cette collection est magnifiée par des tapisseries ainsi que par des copies de chef-d’œuvre de la peinture française, notamment le portrait du roi Louis XIV (1638-1715) d’après Hyacinthe Rigaud (1659-1743).

Vue de la chambre de Napoléon Ier, Palais Rohan © Troian Leroy

Une partie du Palais Rohan a conservé son apparence XIXe siècle. En outre, dès 1805, il fait office de résidence impériale pour Napoléon Ier (1769-1821). Le mobilier présent se distingue des appartements précédents ; désormais, ce n’est plus le style rocaille qui prévaut, mais le goût néoclassique avec ses formes rigoureuses et symétriques inspirées de l’Antiquité greco-romaine. Le Palais tel que nous le visitons aujourd’hui est ainsi le témoin de la succession de goût du XVIIIe siècle au XIXe siècle.

Vue de la salle de la manufacture Hannong, aile des Arts décoratifs © Troian Leroy

Au delà des appartements du Palais Rohan se trouve l’aile des Arts décoratifs, précisément dans les anciennes écuries. L’aile présente toute la richesse de l’art strasbourgeois à partir de 1681, date à laquelle Strasbourg est rattaché au royaume de France. Le musée expose notamment la production de la manufacture de Hannong, dont les faïences sont célèbres dans toute l’Europe.

La vitrine présentant des faïences de la manufacture Hannong, aile des Arts décoratifs © Troian Leroy

La manufacture de Hannong connaît un essor considérable au XVIIIe siècle sous l’impulsion de la dynastie Hannong qui cherche constamment des manières innovantes de produire des faïences. Leur production est très variée, et s’inspire essentiellement des motifs de chinoiserie, de la faune et de la flore. Les pièces reçoivent une palette de couleurs raffinée permise par la cuisson de petit feu. Concernant les formes, elles sont tout aussi variées : assiettes, plats, chandelier, pot-à-oille, écuelle à bouillon ou encore terrine, destinées à occuper les tables des aristocrates alsaciens.

Les trompes-l’oeil de la manufacture Hannong, aile des Arts décoratifs © Troian Leroy

Parmi les chefs-d’œuvre de la collection figurent notamment les terrines en trompe-l’œil, appréciées aussi bien à Strasbourg que dans le reste de la France. Elles détiennent à l’époque une place primordiale dans les arts de la table, et servent à accueillir un ragoût ou un pâté. La terrine en forme de dindon et celle en forme de chou, par exemple, sont admirable de par leur réalisme, leur coloris élégant et leur finesse d’exécution. Ce sont deux incontournables lors d’une visite au musée.

Vue du cabinet de l’hôtel Oesinger, aile des Arts décoratifs © Troian Leroy

Les period rooms rythment la visite. Elles ont pour objectif de plonger le visiteur dans l’atmosphère des demeures bourgeoises, royales et impériales des XVIIe et XVIIIe siècles à partir de reconstitutions rigoureuses. Elles associent des boiseries peintes, du mobilier et des oeuvres d’art d’une même époque, et de même style. Le cabinet de l’hôtel Oesinger, situé à l’entrée de l’aile, témoigne des modes de vie du XVIIIe siècle, orientés vers la recherche de confort et d’intimité. Il reflète également l’adaptation des styles décoratifs parisiens à Strasbourg, à travers l’emploi de boiserie de haut-lambris et d’une cheminée surmontée d’un trumeau de glace. Concernant les oeuvres, la pièce présente entre autre une commode Louis XV produite en Alsace, un lit de repos à tapisserie au petit point ainsi qu’un portrait de Nicolas François Coligny peint par Charles Alexis Huin (1735-1786) en 1773.

Vue de la salle de l’horlogerie, aile des Arts décoratifs © Troian Leroy

Une pièce du musée est consacrée à l’horlogerie strasbourgeoise. Elle conserve le célèbre coq provenant de la première horloge astronomique de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg datée du XIVe siècle. D’autres éléments sont quant à eux tirés de la deuxième horloge astronomique du XVIe siècle, permettant ainsi de comprendre l’évolution du savoir-faire en terme d’horlogerie.

Vue de la salle des productions d’orfèvrerie, aile des Arts décoratifs © Troian Leroy

Autre collection clé du musée : la production d’orfèvrerie. Au XVIIIe siècle, Strasbourg s’impose comme un foyer majeur pour l’orfèvrerie qui connaît son apogée sous le règne de Louis XV. L’aristocratie et la bourgeoisie aisée se passionnent plus particulièrement pour les ustensiles destinés à la consommation du café, du thé et du chocolat, les nouvelles boissons à la mode. En parallèle des pièces d’orfèvrerie, le musée expose des dessins préparatoires, témoin privilégié des processus de création. 

Vue de la salle consacrée à la médecine moderne, aile des Arts décoratifs © Troian Leroy

Outre les Arts décoratifs, vous pourrez également découvrir des pots à pharmacie, du matériel médical ou encore une tête de phrénologie. De fait, Strasbourg connaît une intense activité médicale et scientifique au XIXe siecle. Le docteur Heiser est l’une des grandes figures de l’avènement de la médecine moderne.

Informations pratiques :

  • 2 place du château, 67000 Strasbourg
  • Palais Rohan
  • ouvert tous les jours de la semaine sauf le mardi
  • 10h-13h / 14h-18h

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